DIEN BIEN PHU - NORD DU VIETNAM
LES VESTIGES D’UNE BATAILLE HISTORIQUE
Dien Bien Phu est un district de la province de Dien Bien dans le Nord du Vietnam, dont la capitale est une ville du même nom.
Le nom Dien Bien Phu signifie en français « chef-lieu d'administration préfectorale frontalière », tandis que le nom d’origine, Muong Tènh, signifie « la ville du ciel » en langue de la minorité Thai.
Histoire de Dien Bien Phu
Dien Bien Phu est surtout connu pour son rôle lors de la Guerre d’Indochine et pour la célèbre Bataille de Diên Biên Phu.
En effet, Dien Bien Phu est une plaine couverte de champs et de rizières. L’altitude moyenne de Dien Bien Phu est de 400 m. On trouve sur place le petit village de Dien Bien Phu ainsi qu’une rivière (la Nam Youn). De plus, un ancien aérodrome aménagé par les Japonais durant la Seconde Guerre Mondiale est également présent sur place.
La vallée fait 17 km de longueur pour une largeur variant de 5 à 7 km. Des collines se trouvent également dans la région, pouvant aller jusqu’à 1 300 m de hauteur. Dien Bien Phu est ainsi le seul endroit plat que l’on peut trouver dans un périmètre de plusieurs centaines de kilomètres, ce qui en fait une zone extrêmement favorable à l’établissement d’une base militaire dans le Nord du Vietnam, et c’est exactement le but des Français.
Ainsi, le 20 novembre 1953 au matin, en pleine Guerre d’Indochine, l’opération Castor est lancée. Il s’agit d’une opération dans laquelle deux bataillons de parachutistes français doivent s’emparer de la vallée de Dien Bien Phu, peu défendue par l’armée Viet Minh (les communistes se battant pour l’indépendance, dirigés par Hô Chi Minh). L’opération est un succès et d’autres bataillons sont envoyés le jour même et les suivants. La piste d’atterrissage implantée durant la Seconde Guerre Mondiale par les Japonais est rénovée, et un premier avion se pose à Dien Bien Phu le 25 novembre.
A partir de là, les Français vont pendant quatre mois construire une base militaire sur place, en acheminant du matériel, des armes, des munitions et des hommes. Du matériel lourd d’artillerie ainsi que des blindés sont démontés à Hanoi et envoyés sur place en pièces détachées afin d’être remontés sur place. Autour de la base sera également mis en place un réseau de tranchées, accompagné de mines et de barbelés.
La base militaire est conçue de sorte à pouvoir protéger efficacement la piste d’aviation d’un km par laquelle arrivent les renforts et les ravitaillements. Différents points d’appui disposés autour de la piste d’aviation forment le centre principal de résistance. Le commandement français sur place estimait ainsi être à l’abri de toute attaque terrestre grâce à la nature du terrain sur de nombreux kilomètres et la présence d’arbres et de montagnes.
Pourtant, grâce à des pistes taillées dans la jungle et la montagne, le Viêt Minh va commencer à acheminer du matériel lourd ainsi que des canons en pièces détachées. Ces opérations sont invisibles pour les avions français mais les services secrets français sont très rapidement au courant de ce qui se trame. Toutefois, le commandement français estime qu’en cas d’attaque, l’artillerie et les munitions du Viêt Minh seraient immédiatement détruits par des tirs de contre-artillerie. Ils ne prennent donc pas la menace au sérieux.
Pourtant, le plan du Viêt Minh est très efficace : les canons sont cachés dans des grottes ce qui les rend indétectables pour la base française. Peu à peu, de plus en plus de canons sont acheminés par le Viêt Minh, transportés en pièces détachées sur des vélos ou à dos d’homme. Ces canons sont disposés tout autour de la base militaire française, toujours grâce aux pistes taillées dans les montagnes.
En même temps, le Viêt Minh teste les défenses françaises avec des patrouilles. Les Français se défendent en faisant de même mais ne peuvent rapidement plus avancer car la pression ennemie est trop importante. Se sentant encerclé, le commandement français s’attend alors à un assaut très important, sans se douter du nombre impressionnant de canons que possède l’ennemi.
Bataille de Dien Bien Phu
C’est le 13 mars que le Viêt Minh passe à l’action pour reprendre Dien Bien Phu. L’attaque est ciblée contre le point d’appui « Béatrice », l’un des plus éloignés de la base. Les Français s’attendaient à cette attaque ainsi qu’à son emplacement et à sa date grâce aux services secrets, mais ils ne s’attendaient pas à une telle puissance de feu. En seulement deux ou trois heures, des milliers d’obus de mortiers lourds et de canons sont envoyés sur la position. Les abris sur place sont très rapidement anéantis car ils n’étaient pas conçus pour résister à une telle attaque. Le chef du bataillon ainsi que ses adjoints directs périssent dans l’attaque et les communications radios avec la base sont coupées. L’artillerie française chargée de défendre Béatrice ne peut ainsi pas régler avec précision ses tirs.
Une division vietnamienne s’avance alors en direction du camp, et les soldats français sur place, privés de dirigeants et d’appui d’artillerie, sont vaincus après plusieurs heures de combat. Le centre de résistance tombe à son tour.
Suite à cette journée, les Français se rendent compte de leur erreur et comprennent que le Viêt Minh dispose d’une puissance de feu bien supérieure à ce qu’ils avaient prévu. Le colonel Charles Piroth qui avait affirmé au commandement qu’il serait en mesure de neutraliser l’artillerie ennemie se suicidera d’ailleurs le 15 mars à cause de cet échec.
Le 14 mars vers 20h, c’est au tour du point d’appui « Gabrielle » d’être attaqué. Le Viêt Minh utilise la même stratégie en envoyant successivement des vagues de soldats tout en bombardant la position avec une grande puissance de feu. Les soldats français arriveront tout de même à pousser l’ennemi à se replier à 2h30 du matin. Toutefois, l’attaque reprend 1h après avec des renforts et la position est abandonnée par les Français le matin du 15 mars.
Les deux camps ont à ce moment subi de nombreuses pertes. Les Français font venir des renforts tandis que le Viêt Minh change de stratégie et envoie des artilleurs pour bombarder les éléments principaux de la base ennemie. La piste d’atterrissage des Français est visée, et elle devient inutilisable à partir du 27 mars. Le camp ne peut donc plus recevoir d’aide depuis Hanoi et l’évacuation des blessés ainsi que la réception de ravitaillement devient quasiment impossible.
En parallèle, les Français tentent plusieurs opérations pour établir une liaison terrestre avec le point d’appui « Isabelle » qui se trouve au sud de la base. Toutefois de nombreuses pertes sont subies durant ces opérations. Les liaisons avec Isabelle sont alors abandonnées et ce point d’appui combattra de manière autonome jusqu’à la fin du conflit.
Du 30 mars au 4 avril le Viêt Minh vise les collines au nord-est et à l’est de la base militaire et s’emparent de tous les points d’appuis français à l’exception d’« Eliane 2 » et d’«Eliane 4 ». Les Français arriveront à reprendre 2 points d’appuis par la suite mais seront contraints de les abandonner de nouveau. Les attaques sur Eliane 2 poursuivent mais sont abandonnées le 4 avril après avoir subi beaucoup de pertes.
Par la suite des attaques similaires sont menées sur d’autres points d’appuis, notamment à l’ouest du camp principal. Les Français seront aidés par des avions largueurs de bombes venant de Hanoi, mais par manque d’informations ainsi qu’à cause d’une météo peu appropriée, en pleine mousson, les tirs sont peu précis.
Le 1er mai au soir, l’assaut final est lancé, la taille du camp principal français ayant beaucoup diminué lors du mois d’avril. Le manque de ravitaillement et les conditions sanitaires du camp sont également très préoccupants.
Le 7 mai, face à une situation sans espoir, le commandement français reçoit l’ordre de cesser le feu. Les points d’appuis restants sont conquis et la base française tombe.
La bataille de Diên Biên Phu représente ainsi la bataille la plus longue (57 jours) et la plus meurtrière de l’Après Seconde Guerre Mondiale. Cette défaite française aura également pour conséquence l’accélération des négociations à Genève destinées à régler les conflits en Asie.
Musée de la victoire à Dien Bien Phu
Que faire à Diên Biên Phu ?
Visiter Dien Bien Phu aujourd’hui permet principalement de découvrir sur place les vestiges de cette bataille.
Le musée de la victoire historique de Diên Biên Phu
Ce musée comporte différents halls d’exposition avec des thèmes différents. On y trouve des objets, des photos, des reconstitutions ou encore des documents retraçant l’histoire et le déroulement de cette bataille. Ce musée est un incontournable lors de votre passage à Diên Biên Phu ainsi que pour les amoureux d'Histoire qui entreprennent un voyage au Vietnam.
Le Bunker du Colonel de Castries
C’est depuis ce bunker que le Colonel de Castries commandait ses hommes. Il reste aujourd’hui quelques objets datant de la bataille ainsi que des tranchées et des salles.
Le cimetière militaire de Diên Biên Phu
Il s’agit de l’endroit où reposent les victimes vietnamiennes de cette bataille. De nombreuses familles vietnamiennes viennent s’y recueillir.
Le mémorial des soldats français
Ce mémorial se trouve à 200 m du Bunker du Colonel de Castries. C’est ici que reposent les soldats français morts durant la bataille.